Le Tire fesse Mercedes n’est praticable que par les cyclistes expérimentés. Ne pas tenter de le reproduire chez soi
La France ayant été sélectionnée pour accueillir les JO 2024, nous avons cru bon de mettre notre main à la patte en présentant une nouvelle discipline sportive du type cyclo-tracté. A mi-chemin entre le vélo et le ski nautique, initiée dans les cols enneigés du Taurus en Turquie, confirmée dans la poussière du Dasht-e Kavir iranien et perfectionnée sur les pistes rocailleuses du Pamir au Tadjikistan, cette pratique s’adresse aux cyclos voyageurs fainéants mais téméraires. Sport d’adresse, de réflexion et de force, il se décompose officiellement en six étapes validées par la Commission des Jeux OulanBike :1. Le Repérage. Se familiariser avec la flotte de camion du pays traversé. Enorme, blanc et ronflard à mécanique allemande et conteneur Maersk ; soviétique et éternel avec carlingue anti char et boulons qui grincent ; petit et humble avec sa remorque bleue chargée de charbon ou de gamins ; il y a autant de races de camion que d’homme sur la terre et ceux qui pensent que rien ne ressemble plus à un camion qu’un autre camion se trompent. Il faut pouvoir à terme les reconnaitre sans se retourner en montée. Le râle du moteur à l’oreille et la gazoline du pot d’échappement au nez. 2. L’évaluation du potentiel d’harponnage. Une cordelette qui file au vent, une grosse vis qui dépasse, carrément une poignet en fer ou parfois rien que le lisse blanc du conteneur. Chaque harponneur juge de ses capacités. Attention cependant à bien corréler le point d’harponnage à la vitesse d’approche du camion. Plus la surface est petite, plus la tension de tractage sera grande.3. L’agachon. Dans une montée à minimum 10% afin que la vitesse ne soit pas trop importante, attendre sa proie au creux d’un tournant. Certains cyclo-pêcheurs expérimentés parviennent à harponner la baleine de métal à la volée. Quand on débute, nous préconisons de l’avoir d’abord en visuel lorsqu’elle monte les lacets de route.4. L’harponnage. C’est le moment critique où tout se joue. Lâcher ses dernières forces dans un ultime sprint désespéré. Côte à côte avec la machine, lancer le bras et harponner la bête en tendant le muscle pour encaisser la force du moteur. 5. La croisière. Si vous avez été discret et habile, le chauffeur n’y verra que du feu et vous tirera ainsi jusqu’au sommet. Comme le plus noble des parasites, vous sucerez l’énergie cinétique de votre donneur à quatre roues et arriverez en haut sans vous fatiguer. Néanmoins, prendre garde au gommage de la route qu’on oublie vite dans l’euphorie du tractage opportuniste. Ici on ne chute pas dans la neige mais sur du bitume. 6. Le désharponnage. On l’effectue normalement en fin de montée, juste avant la descente. Tirer sa révérence au chauffeur est alors de bon gout et permet de gagner des points bonus. Soyez quand même prêt à désharponner en catastrophe. Un croisement d’un autre camion ou un rétrécissement de chaussé peuvent être fatales. Nous attirons aussi votre vigilance sur le syndrome de l’avant-bras engourdis par la tirée et sur les crises d’accélération des camions mauvais joueurs. Lorsqu’on sent qu’on décroche, ne pas jouer les héros, pour votre sécurité, désharponner.